"Cela fait un mois que cette aventure a débuté. Nous avons passé la l'attitude du nord de l' île de Borden et sommes maintenant dans la région canadienne du Nunavut. Le crack est toujours ouvert mais il part trop au nord, à 80° de notre route et la glace se densifie. Nous finissons donc par monter sur la glace pour tenter de faire route presque directe, en tractant le bateau quelques heures... puis un beau crack se présente à nous à nouveau mais voilà que le vent tombe complètement, il faut continuer à tracter le bateau mais cette fois-ci depuis la rive de la banquise et à l'aide d'un bout. Nous nous arrêtons tôt dans la soirée pour réaliser un prélèvement ADN ; nous n'en réalisons pas si souvent, il faut dire qu'après avoir tracté le bateau 10 ou 12 h, le soir nous avons du mal à rajouter 45 minutes de prélèvement mais nous nous y tenons et les filtres se remplissent tranquillement. Nous réaliserons environ 20 prélèvements d'ADN durant toute l'expédition. Cela consiste à filtrer de l'eau directement dans la mer pendant 20 minutes, de préférence en navigation à une vitesse de 2 nœuds ; pour l'instant il y a trop de glace, nous sommes donc obligés de le faire en statique. L'une des complexité est de ne pas mettre notre propre ADN partout, il faut travailler proprement dans des conditions pas souvent faciles et bien sûr tout désinfecter. Ces prélèvements d'ADN rendront compte de la faune (que nous ne verrons pas) de cette région de manière plus précise ; il sera par exemple possible de découvrir que certaines espèces vivent sous ces latitudes alors que l'on ne les attendait pas si nord....
Cross country sur tapis roulant.. Certains kilomètres se méritent plus que d’autres ! Nous avons perdu 2 kilomètres dans la nuit. La dérive des glaces ne nous a pas été favorable mais nous acceptons notre sort. Lever à 6h ce matin pour 12h de tractage de notre demi-tonne à voiles sur un terrain chaotique, heureusement aidés pas un vent de travers : 18km parcourus seulement, et beaucoup d’efforts. Nous espérions des enchaînements de belles plaques, mais ce n’est pas l’endroit ni le moment... Nous passons pourtant les chaos de glace avec pas mal de souplesse, de méthode et de force. Parfois, les étraves se retrouvent à 2 mètres du sol, le bateau est complètement cabré avant de basculer derrière la crête ; ou encore pour descendre dans l'eau depuis les plaques, nous devons passer des bordures pouvant aller jusqu'à 1 mètre, il faut être 2 sur les étraves pour aider à bien plonger et protéger les pauvres safrans qui souffrent mais tiennent bon ! Et comme ça ne suffisait pas, nous sommes sur un tapis roulant, le GPS indique que nous dérivons de 0.5 kilomètres par heure quand nous nous arrêtons faire une pause. La matinée était cependant très agréable, belle lumière et froid sec (ça a gelé... on pense à ceux qui souffrent de la chaleur, avec 45 degrés de plus qu’ici !) Nous sommes au milieu du détroit qui nous sépare encore de l’île Ellef Ringnes. Le fort vent (Nord) nous fait dériver vers le sud - Sud Est, on va encore reculer pendant la nuit... "